Judith Rodrigue

Compostelle en tandem : un signe du destin
Tout est arrivé très vite
En avril 2018, une bosse est apparue sur mon sein, subitement. Le diagnostic est tombé : cancer du sein. À 37 ans et sans aucun antécédent familial.Entre le choc du diagnostic, les traitements de chimiothérapie, l’opération et la radiothérapie, un véritable séisme s’est abattu, suivi un peu plus tard d’une rupture avec mon copain.
Malgré ce tsunami qui venait d’ébranler ma vie, je me suis ressaisie. C’est là que le destin m’a fait signe.
Alors que j’attendais mon rendez-vous à l’hôpital avec mon médecin, je suis tombée par hasard sur une affiche qui parlait de Voyage ta vie, l’offre de voyages caritatifs de la Fondation québécoise du cancer. J’ai pris le téléphone et j’ai appelé le Centre régional de Québec.
Compostelle, ça faisait 15 ans que j’en rêvais. Mais entre le travail et les aléas de la vie, ça n’adonnait jamais. Mais cette fois-ci, je me suis immédiatement décidée. La vie me mettait ce cadeau sur ma route et j’ai su que c’était le bon moment.
J’en ai parlé à mes proches, à mes amis et au sein de mon milieu de travail. Ils m’ont tous soutenue moralement ou avec des dons pour me permettre de partir.
À Compostelle, j’ai chanté
Je me suis lancée dans l’aventure Compostelle, sans connaître personne. Pour moi ça a été le plus gros challenge du voyage. Mais grâce à la marche préparatoire organisée par la Fondation en août dernier, j’ai pu rencontrer les autres marcheurs et ça m’a rassurée.Le groupe était tout simplement parfait, on se soutenait beaucoup, on s’attendait pour ne pas être seul.
Dans chaque village, nous avons eu la chance de sympathiser avec les habitants et de partager nos histoires avec les autres marcheurs. Un vrai bonheur!
Un seul bémol? Les ampoules aux pieds! Mais tout le monde était tellement positif qu’on finissait par en rire. L’énergie du groupe était exceptionnelle.
J’ai vécu l’aventure au jour le jour, sans préparation au préalable. Et même si ma forme a diminué depuis le cancer, j’ai pu arpenter les chemins de Compostelle sans grands problèmes.

Et quand sur le chemin, j’ai été envahie par la tristesse, j’ai commencé à chanter, à danser et à faire rire les gens. Mes compagnons de voyage, mais aussi les autres marcheurs, étaient avides de câlins envers moi. Nous nous sommes ainsi laissés porter par une belle vague d’amour et de solidarité tout le long du voyage. Les émotions ont bel et bien été au rendez-vous.
Au début de l’aventure, je m’étais dit que je me ferais tatouer un souvenir de ce voyage, si jamais l’occasion se présentait. Le hasard a fait qu’un salon de tatouage se trouvait dans la rue de notre hôtel. Je n’ai pas hésité à deux fois et je me suis fait tatouer le symbole légendaire de Compostelle. L’enthousiasme s’est emparé du groupe et cinq autres marcheurs, dont notre magnifique doyenne, se sont inspirés de mon geste et l’ont fait à la fin de leur parcours! Nous sommes à jamais marqués par cette aventure.
Boucler la boucle
Compostelle en tandem m’a permis de conclure cette mauvaise période de ma vie. De tourner la page du cancer. Je suis fière de l’avoir fait.Comme le veut la tradition, en arrivant j’ai déposé une pierre. Et avec elle, j’ai laissé tout un poids, ma peine, mon année, ce qui m’a rendue plus légère à l’arrivée.
Compostelle en tandem m’a permis de réaliser mon rêve tout en contribuant à la bonne cause – soutenir les personnes atteintes d’un cancer – cette terrible étape qui aura certainement changé ma vie. Car le cancer a replacé mes priorités et m’a fait réaliser que je n’ai qu’une seule vie à vivre.
J’ai écouté les signes et je les ai pris.
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